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Le Chant des Hommes - questions et réponses

11 Décembre 2018 , Rédigé par Xavier Bruckert

J’ai rassemblé ici quelques réponses  aux  questions posées par mes premiers  lecteurs.

Pourquoi écrire un roman ?

J’avais depuis longtemps envie d’écrire un roman, mais cela n’est pas très original.  Je crois que nous sommes nombreux à partager cette envie parce que la littérature  offre la possibilité de dire certaines choses indicibles par ailleurs.  

Pour moi, personnellement, la création littéraire est un formidable moment de liberté  et les moments de liberté sont parmi les plus grands bonheurs de ma vie.

Pourquoi ce roman- là ?

Deux choses m’ont toujours fasciné : l’origine de l’homme et l’émergence de la conscience.

Le Chant des Hommes se situe dans un passé lointain. Le roman commence comme la Genèse, dont je me suis inspiré pour écrire quelques paragraphes au début de l’histoire.

Il raconte les péripéties d’une longue marche pendant laquelle ces premiers hommes découvrent  des mondes totalement inconnus. Au cours de cette marche et de leurs aventures,  leur conscience et leur langage évoluent.  

Vous avez écrit un « page turner » ?

J’espère bien que non !

Ce roman n’est pas un « page turner ». En fait il est exactement l’inverse.  J’ai écrit  chaque page comme une invitation à ne pas la tourner trop vite et se laisser aller à  rêver et méditer.

Une méditation sur le langage ?

Oui forcément, Le Chant des Hommes est aussi cela.

Pour imaginer ce que pouvait être la mentalité de ces premiers hommes,  il nous faut méditer sur ce que pouvait être leur langage. Nous ne le saurons évidemment jamais, mais nous pouvons tenter de  l’imaginer.

En lisant ce roman, le lecteur est invité à se défaire de sa langue moderne pour imaginer une langue première. C’est une forme de déconstruction-reconstruction du langage  qui est forcément onirique et poétique.

Toute une partie de mon roman, qui peut paraître un peu lente, est en réalité une invitation à  prendre son temps pour imaginer ce que pouvaient être ces hommes, comment ils voyaient le monde, comment ils parlaient et comment ils pensaient.  

D’où l’usage des périphrases dans votre roman?

Oui  absolument !

Au Vanuatu, les hommes qui vivaient là depuis des millénaires ont vu un jour arriver des Européens. Beaucoup de ce qu’ils ont vu alors, n’existait  ni dans leur imagination ni dans leur langue.

A l’époque, pour décrire dans  leur pidgin commun,  le Bislama, ce qu’ils découvraient, ils utilisaient des périphrases. Ainsi pour désigner le piano, ils disaient  « une grosse boîte qui a des dents noires et des dents blanches et qui pleure quand  tu lui tapes dessus » (1)  et pour la scie, « quelque chose qui se  tire et qui se pousse et qui mange le bois » (2)

C’est d’une  inventivité qui révèle à la fois l’objet et celui qui le regarde. Je trouve dans la périphrase de l’humour, de la stupeur et de la poésie.

Imaginons ce qu’ont pensé et dit des hommes qui n’avaient jamais vu de montagne ni la mer, et n’avaient même pas de mot dans leur langue pour leur en laisser supposer  l’existence. Comment ont-ils traduit cette stupeur et quel effet cela a-t-il eu sur leur conscience ?

Le récit lui-même,  un personnage du roman ?

Oui indéniablement, le Grand Récit  collectif est un personnage central de ce roman, il accompagne les hommes tout au long de leur périple. Il les porte et change avec eux, il est vivant comme eux et, comme eux, il est faillible.

Et dans ce récit, quelques mythes revisités ?

Oui, j‘invite là aussi  le lecteur à imaginer d’autres significations à ces mythes très anciens que sont le premier meurtre, le paradis et quelques autres...

Alors la conscience, d’où vient-elle ?

Je n’ai pas la réponse à ce mystère  et si je l’avais, j‘aurais écrit une thèse, pas un roman.

Le Chant des Hommes recherche toutefois la  réponse à l’endroit ou se rencontrent le récit collectif et les cinq sens par lesquels chacun d’entre nous appréhende physiquement le monde : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût.  

C’est l’idée que le  langage « donne un sens à nos sens » si je peux résumer cette intuition par une pirouette.

Il y a d’autres espèces d’hommes dans le roman, qui sont-ils ?

Depuis longtemps, on sait que plusieurs espèces d’hommes ont cohabité sur terre et ce, pendant des dizaines de milliers d’années. J’ai imaginé pour deux d’entre elles une cohabitation pleine de douceur, tournant en cela le dos à de vieux clichés.

J’ai imaginé qu’avec une de ces espèces très différente, les hommes communiquaient par le chant

Le  chant ?

Oui, laissons courir nos imaginations. On sait que certains langages humains peuvent être entièrement sifflés ou chantés. En Grèce, en Turquie et au Laos, ces langages subsistent. Pourquoi ne pas imaginer que le chant fut un langage premier ?

Il faut refermer le livre et laisser ouverte notre boîte à rêves.  On sait à quel point le chant nous parle et nous fait rêver !

 

Xavier Bruckert

Le Chant des Hommes est  disponible ici

 

  1. Le piano "wan bigfala bokis i gat blak tut mo waet tut taem yu kilim hem i krae "
  2. La scie : "Wanfala sameting I kam I go I kambak  blong kakae wud;”
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M
Je viens de commencer votre livre éléctonique. J'ai lu les trois premiers chapitres. Je suis époustouflée et émue. A un moment, j'ai même pleuré pour une chose qui me touche personellement Transportée ailleurs. Je vais lire les suivants en prenant mon temps. Merci Monsieur pour cette merveille !
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